Perdue au bout de sa langue de terre battue par la mer, Cádiz est une ville à nulle autre pareille. Pas de vestiges antiques – ou si peu -, pas d’architecture mudéjare, pas de maisons basses écrasées de soleil. Cádiz est andalouse et pourtant, Cádiz est différente.
La « Tacita de plata » (petite tasse d’argent) – tel est le surnom de Cádiz – est la plus ancienne ville d’Europe continentale. Une vénérable dame née voici plus de trois mille ans lorsque des marchands phéniciens décidèrent d’accoster sur ce rocher relié à la terre par une bande de sable. Ne croyez pas rencontrer mille et une traces de ce passé… tout au plus quelques fondations immergées, un théâtre romain, quelques pans de murailles moyenâgeuses ou quelques patios ayant résisté à la destruction des murs qui les protégeaient.
Par contre, le commerce avec les Amériques va déclencher le renouveau de la ville – que les velléités guerrières du Comte d’Essex (1596) tempéreront quelque peu – Les palais et maisons bourgeoises surplombées d’une tour-mirador – il était important de contrôler le retour des bateaux chargés d’or et d’épices – modifieront fondamentalement l’architecture gaditana. De hautes maisons ombrageront d’étroites rues. Une végétation tropicale envahira parcs, jardins publics et discrètes placettes. Cádiz est souvent comparée à La Habana.
Aujourd’hui, on vient à Cádiz pour découvrir les vieux bars et restaurants du quartier Populo ou de la Viña – les plus anciens de la ville -, pour longer ses plages urbaines – la Caleta et son charme désuet un peu « british » est la plus connue -, pour marcher dans les pas de ces politiques du XIXème siècle qui promulguèrent la première Constitution libérale espagnole (1812), pour s’enivrer des notes de Manuel de Falla pincées sur les cordes d’une guitare flamenca devant la majestueuse cathédrale, pour se fondre dans son ambiance bon enfant – le gaditano est réputé être le plus affable des espagnols –, pour…
Aujourd’hui, on vient à Cádiz pour son carnaval, sublimation de l’esprit gaditano.
Cádiz n’est pas touristique, Cádiz est vivante.
Cádiz ne se visite pas. Cádiz se vit.
Cádiz ne s’apprivoise pas, Cádiz est libre.